Endolori et couvert de bleus après son combat contre les gobelins Radnar quitta la caserne et marchait d'un pas lourd vers la première (et semblait-il la seule) taverne qu'il voyait.

Y entrant, le nécromancien attendit pour que ses yeux s'adaptent à la pénombre qui régnait dans la taverne. Un petit groupe de gens étaient regroupé autour d'une table près de la cheminée et le joli feu qu'y craquelait. Les voyant en train de discuter un sujet qui semblait assez grave, il préférait se jeter dans une chaises placées autour de la table au fond de la pièce et y attendre le propriétaire de l'établissement.

Le Marchand arriva, un sourire ébaubi flanqué sur le visage.

- Bonsoir bonsoir, qu'est-ce que je vous sers ?

Le tavernier attendit la commande, un torchon plié sur l'avant-bras.

"Bonsoir messire" répliqua le mage. "Tout d'abord, mes compliments sur votre taverne si acueillante. J'imagine que vous êtes bien muni de quoi boire et manger et que vous avez un tonnelet d'hydromel et des saucissons pendants dans la salle derrière le comptoir. Si ce soit le cas je prendrais très volontiers un verre et un petit bout de viande."

Souriant de son mieux il ajouta

"Et si vous avez un moment j'aimerais bien vous poser des questions sur la ville et ses alentours, étant un nouveau venu comme vous avez sans doute aperçu."

- Je vous remercie, cette taverne, c'est toute ma vie !

Le Marchand sourit largement, révélant l'intégralité de sa dentition jaunie par le temps et les abus festifs. Il s'absenta un instant, et revint avec la commande de l'homme qui l'avait sollicité.

- Eh bien ma foi, cette ville est comme toutes les autres : quelques boutiques et d'antiques lieux de savoir, une caserne que vous avez à ce que je vois visitée, et des habitants peureux. Les quelques guerriers qui nous tiennent compagnie en cet instant sont à cette table - il fit un vague geste en direction de la cheminée - et ils s'apprêtent à aller chasser la bête qui a bloqué mon arrivage de vivres et le reste des commandes des marchands. Il me semble qu'ils ont également perdu l'un des leurs et qu'ils ont eu quelques déboires avec Alägrim, le vieux barde bibliothécaire, qui souhaitait selon leurs dires leur extorquer des objets magiques et de l'or. Ce dernier était apparemment le seul à pouvoir les aider à retrouver leur compagnon.

Le marchand souriait en regardant fixement le nouvel arrivant.

Prenant une petite gorgée d'hydromel pour se refraichir, le nécromancien poursuiva la conversation.

"Cette histoire de bête doit être bien incommode pour vos affaires, et si je ne me trompe pas, elle a, pour utiliser l'expression populaire, flanqué la trouille aux villageois, qui étaient si peu nombreux dans les rues. J'imagine que c'est un problème assez récent, n'est-ce pas? Et par simple curiosité, elle ressemble à quoi, cette bête?

Et si ce n'est pas trop mal poli, pouvez vous me dire un peu plus sur ce vieil Alägrim? Il a l'air intéressant. C'est assez normal de trouver un barde qui essaie d'arnaquer les gens, disons, pas trop rusés, mais je n'ai jamais entendu dire d'un barde bibliothécaire et encore moins d'un qui reste sur place mais sait trouver des gens perdu n'importe où."

Attrapant un peu de saucisson.

"Et je vous dois combien pour les bonnes victuailles?"

- Ce sera 15 pièces d'or, messire, afin de vous accueillir comme il se doit !

Le marchand était dans une humeur bienveillante, et esquissa un sourire en direction du nécromancien.

- Le vieillard parle peu, je pense qu'il ne respecte que les "érudits", comme il aime à dire. La meilleure des choses serait pour vous de vous entretenir avec lui. Attention, il est un peu spécial !

Le marchand se tut quelques instants.

- Quant à la bête, j'essaie de ne pas trop y penser... Je me souviens juste de son oeil énorme qui me fixait à travers les buissons et... Oh, seigneur, je ne veux plus en parler...

Le marchand se retira dans son arrière-boutique.

Je crois que vous oubliez quelque chose monsieur le tavernier...

Radnar remit 15 pièces au tavernier distrait et attaqua à son saucisson.


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